Earn-out et complément de prix : quand et comment les utiliser ?

BlogVendre17 novembre 2025
Earn-out et complément de prix : quand et comment les utiliser ?

Introduction

Lors de la vente d'une entreprise, vendeur et acheteur ne s'accordent pas toujours sur le prix. Le vendeur voit le potentiel de croissance et veut en tirer profit. L'acheteur préfère payer en fonction des résultats réels, pas des promesses. C'est là qu'intervient l'earn-out, aussi appelé complément de prix.

Ce mécanisme permet de différer une partie du paiement et de la conditionner aux performances futures de l'entreprise. Concrètement : vous recevez une partie du prix à la signature, puis des versements complémentaires si certains objectifs sont atteints. Le calcul de l'earn-out peut se baser sur le chiffre d'affaires, l'EBITDA, ou d'autres indicateurs mesurables.

L'earn-out facilite la transaction quand les parties ont des visions différentes de la valeur. Il sécurise l'acheteur tout en permettant au vendeur de valoriser pleinement son entreprise. Mais attention : mal structuré, il peut générer des conflits. Ce guide vous explique le mécanisme d'earn-out, ses avantages, ses risques, et les bonnes pratiques pour l'utiliser efficacement.

📌 En résumé (TL;DR)

L'earn-out est un complément de prix conditionné aux performances futures de l'entreprise après la vente. Il permet de combler un écart de valorisation entre vendeur et acheteur en différant une partie du paiement. Le calcul peut se baser sur le chiffre d'affaires, l'EBITDA ou des objectifs spécifiques. Pour réussir, la clause doit définir des indicateurs mesurables, une durée claire, et prévoir un mécanisme de résolution des conflits.

Qu'est-ce qu'un earn-out ?

Un earn-out est un mécanisme de complément de prix conditionnel lors de la vente d'une entreprise. Le principe : une partie du prix de vente est payée après la transaction, en fonction des performances futures de l'entreprise.

Concrètement, l'acquéreur verse un montant de base à la signature, puis un paiement différé si certains objectifs sont atteints. La durée typique d'une clause earn-out varie entre 1 et 3 ans.

Ce mécanisme est fréquemment utilisé dans les transmissions de PME suisses pour sécuriser la transition et aligner les intérêts des deux parties.

Pourquoi utiliser un earn-out ?

L'earn-out répond à plusieurs situations courantes dans les transmissions d'entreprise :

  • Divergence sur la valorisation entre vendeur et acquéreur
  • Entreprise en croissance avec potentiel incertain
  • Nécessité de maintenir le vendeur pendant la transition
  • Secteurs à forte volatilité ou dépendance client

Ce mécanisme permet de combler l'écart entre les attentes du cédant (qui valorise le potentiel futur) et la prudence de l'acquéreur (qui veut payer sur des résultats avérés).

Écart de valorisation entre vendeur et acheteur

Le désaccord sur le prix est la principale raison d'utiliser un earn-out. Le vendeur veut valoriser le potentiel de croissance et les opportunités futures. L'acquéreur préfère payer sur des résultats concrets et vérifiables.

L'earn-out résout ce blocage : le prix de base reflète la situation actuelle, le complément récompense la performance future. Les deux parties partagent ainsi le risque et l'opportunité.

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Transition et maintien du vendeur

L'earn-out motive fortement le vendeur à rester impliqué pendant la période de transition. Son complément de prix dépend directement de la performance de l'entreprise.

Cette implication facilite le transfert de connaissances, le maintien des relations clients et la continuité opérationnelle. Le vendeur a un intérêt financier direct à assurer le succès de la transition.

C'est particulièrement pertinent pour les entreprises où la relation personnelle du cédant avec les clients ou les équipes est déterminante.

Comment calculer un earn-out : exemples concrets

Le calcul d'un earn-out repose sur des critères de performance mesurables. Les plus courants : chiffre d'affaires, EBITDA, bénéfice net, ou objectifs spécifiques.

L'important est de définir une formule claire, vérifiable et acceptée par les deux parties. Voici trois approches avec des exemples chiffrés en contexte suisse.

Earn-out basé sur le chiffre d'affaires

Exemple : PME vendue 1'000'000 CHF + earn-out de 10% du CA dépassant 2'000'000 CHF sur 2 ans.

Scénario favorable : CA année 1 = 2'300'000 CHF, année 2 = 2'500'000 CHF. Earn-out = (300'000 + 500'000) × 10% = 80'000 CHF.

Scénario défavorable : CA année 1 = 1'900'000 CHF, année 2 = 2'100'000 CHF. Earn-out = (0 + 100'000) × 10% = 10'000 CHF.

Simple à calculer, mais peut inciter à privilégier le volume au détriment de la rentabilité.

Earn-out basé sur l'EBITDA ou le bénéfice

Exemple : Entreprise vendue 800'000 CHF + 30% de l'EBITDA dépassant 150'000 CHF sur 3 ans.

Scénario : EBITDA année 1 = 180'000 CHF, année 2 = 200'000 CHF, année 3 = 170'000 CHF. Earn-out = (30'000 + 50'000 + 20'000) × 30% = 30'000 CHF.

Ce critère est souvent préféré au CA : il reflète la rentabilité réelle et limite les manipulations par augmentation du volume sans marge.

Plus représentatif de la création de valeur effective.

Earn-out basé sur des objectifs spécifiques

Certains earn-outs reposent sur des critères qualitatifs :

  • Signature de 3 contrats clients majeurs (50'000 CHF par contrat)
  • Maintien de 90% des clients stratégiques (bonus de 100'000 CHF)
  • Obtention d'une certification ISO (25'000 CHF)

Ces objectifs conviennent aux situations spécifiques, mais présentent des limites : plus difficiles à mesurer objectivement, risque d'interprétation divergente, potentiel de conflit.

À utiliser en complément de critères financiers, jamais seuls.

Les éléments clés d'une clause d'earn-out

Une clause earn-out bien rédigée évite les conflits futurs. Elle doit définir avec précision tous les paramètres du mécanisme.

Voici les composantes essentielles à inclure dans le contrat de vente pour sécuriser le dispositif et protéger les intérêts des deux parties.

Durée et calendrier de paiement

La durée typique d'un earn-out varie entre 1 et 3 ans. Au-delà, les incertitudes augmentent et le lien avec l'action du vendeur s'affaiblit.

Définissez la fréquence des paiements : annuelle (plus courant), semestrielle ou à la fin de la période totale. Précisez les dates exactes de clôture des comptes et de versement.

Un calendrier clair évite les malentendus et facilite la planification financière des deux parties.

Indicateurs de performance mesurables

Les critères de calcul de l'earn-out doivent être objectifs, vérifiables et non manipulables. Privilégiez les données comptables standard (CA, EBITDA, résultat net).

Définissez précisément comment chaque indicateur est calculé : quelles charges inclure, quels retraitements appliquer, quelle norme comptable utiliser.

Prévoyez une vérification par un expert-comptable ou une fiduciaire indépendante. Notre réseau de partenaires peut vous accompagner dans cette démarche.

Seuils minimums et plafonds

Définissez un montant minimum (floor) en dessous duquel aucun earn-out n'est versé, et un maximum (cap) pour limiter l'exposition de l'acquéreur.

Exemple : Earn-out de 20% de l'EBITDA entre 200'000 et 400'000 CHF, plafonné à 150'000 CHF.

Vous pouvez aussi prévoir des paliers intermédiaires pour plus de prévisibilité. Ces limites rassurent l'acquéreur sur le coût final et garantissent au vendeur un complément significatif si les objectifs sont atteints.

Gouvernance et contrôle pendant la période d'earn-out

Précisez le niveau d'implication du vendeur : fonction consultative, poste opérationnel, simple droit d'information ? Définissez ses droits d'accès aux données financières.

L'acquéreur doit s'engager à gérer l'entreprise selon le principe de continuité d'exploitation : pas de changements stratégiques majeurs qui compromettraient artificiellement les objectifs de l'earn-out.

Cette clause protège le vendeur contre les manipulations tout en préservant la liberté de gestion de l'acquéreur.

Les risques et limites de l'earn-out

Le mécanisme earn-out présente des avantages, mais aussi des risques pour les deux parties. Il est important de les connaître pour structurer une clause équilibrée.

Voici les principaux points d'attention pour le vendeur et l'acquéreur.

Risques pour le vendeur

Le vendeur fait face à plusieurs incertitudes :

  • Paiement incertain : le complément dépend de performances futures hors de son contrôle total
  • Dépendance des décisions de l'acquéreur : investissements, recrutements, stratégie commerciale
  • Risque de manipulation : l'acquéreur peut augmenter artificiellement les charges pour réduire l'EBITDA
  • Complexité fiscale : imposition étalée sur plusieurs années
  • Liquidité différée : une partie du prix n'est pas immédiatement disponible

D'où l'importance d'une clause précise et d'un accompagnement juridique.

Risques pour l'acquéreur

L'acquéreur doit aussi gérer certaines contraintes :

  • Coût final incertain : le prix total de l'acquisition n'est pas fixé à l'avance
  • Contraintes de gestion : obligation de maintenir une certaine continuité pour ne pas compromettre l'earn-out
  • Conflit potentiel : tension avec le vendeur si les objectifs ne sont pas atteints

L'acquéreur doit donc équilibrer sa liberté de gestion avec ses obligations contractuelles liées à l'earn-out.

Bonnes pratiques pour un earn-out réussi

Un earn-out bien structuré minimise les conflits et facilite la transition. Voici les recommandations pour construire un mécanisme équilibré et pragmatique.

Faites-vous accompagner par des experts

La rédaction d'une clause earn-out nécessite une expertise juridique et financière. Un avocat spécialisé en droit des sociétés sécurise la formulation contractuelle.

Un expert-comptable ou une fiduciaire définit les critères de calcul et les modalités de vérification. Ces professionnels anticipent les zones de conflit et proposent des solutions équilibrées.

Le réseau de partenaires Leez regroupe des experts en transmission d'entreprise, disponibles sans obligation de votre part.

Privilégiez la simplicité et la transparence

Un earn-out complexe multiplie les risques de désaccord. Limitez-vous à 1 ou 2 indicateurs clés, faciles à calculer et à vérifier.

Évitez les formules mathématiques alambiquées. Privilégiez des données comptables standard, déjà produites dans le cadre de la gestion courante.

La transparence est essentielle : les deux parties doivent comprendre exactement comment le complément sera calculé, sans ambiguïté possible.

Prévoyez un mécanisme de résolution des conflits

Malgré toutes les précautions, des désaccords peuvent survenir sur l'interprétation de la clause earn-out. Incluez une clause d'arbitrage ou de médiation dans le contrat.

Désignez à l'avance un expert indépendant (fiduciaire, auditeur) chargé de vérifier les comptes et de trancher en cas de contestation sur les calculs.

Définissez un processus clair : délai de contestation, modalités d'expertise, répartition des frais. Cette anticipation préserve la relation entre les parties et accélère la résolution.

L'earn-out est un outil de structuration efficace pour faciliter une transmission d'entreprise lorsque vendeur et acheteur ne s'accordent pas sur la valorisation ou lorsque le cédant reste impliqué dans la transition. En liant une partie du prix aux performances futures, il permet de réduire les risques pour l'acquéreur tout en offrant au vendeur la possibilité de valoriser pleinement son entreprise.

Pour autant, une clause d'earn-out doit être simple, mesurable et encadrée. Les indicateurs de performance, la durée, les seuils et la gouvernance doivent être définis avec précision pour éviter tout conflit. Les deux parties ont intérêt à se faire accompagner par des experts juridiques et financiers pour sécuriser l'opération.

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